Texte publié dans le N° 50 de la revue de la F.F.A.O.
Maurice Moerlen FFAO
Il est des amis qui dans votre vie jouent un rôle particulier. Ce fut le cas pour moi en rencontrant Maurice pour la première fois en 1965, lors d’un enregistrement des chorals de la Passion selon St Jean. Depuis nous sommes restés très liés et nous avons collaboré dans le cadre de l’Ecole d’Orgue Diocésaine de Besançon en particulier. Parmi mes nombreux souvenirs, le plus marquant est sans doute ce voyage des Amis de l’Orgue de Besançon en 1968, aux Pays-Bas, avec la participation exceptionnelle d’André Marchal. Maurice, déjà remarquable organiste, s’émerveillait à chaque instant du jeu et de la «présence» du maître.
Né en 1927 à Mulhouse, Maurice a été organiste à Besançon, Munster, Colmar et surtout pendant une trentaine d’années à la cathédrale de Strasbourg. Il enseigna, le piano, l’orgue et l’écriture musicale toute sa vie en Alsace et dans divers stages à travers la France. Organiste liturgique il savait choisir son répertoire avec beaucoup de sagacité en étroite adéquation avec l’office. Il a surtout adoré les services au temple Saint-Matthieu de Colmar où il pouvait jouer les préludes de l’Orgelbüchlein dans leur rôle d’introduction aux chorals luthériens correspondants. Concertiste international, il a joué sur les grandes tribunes européennes. Expert des orgues dans son diocèse, il ne ménageait pas ses conseils, toujours pertinents, pour une restauration ou un relevage. Il faut dire que l’Alsace compte plus de mille deux cents instruments ...
En soixante ans de carrière, Maurice Moerlen a côtoyé de grands noms de la musique du XXème siècle : Alfred Cortot, Albert Schweitzer, Maurice Duruflé, Gaston Litaize, Michel Chapuis et Jean-Pierre Leguay.
Il collabora au Conseil d’Administration de la FFAO pendant plusieurs années.
Maurice Moerlen a également enregistré quelques disques dont un très beau vinyle de Musique française à la cathédrale de Strasbourg en 1983, un CD consacré à César Franck sur le Cavaillé-Coll de Saint Etienne de Mulhouse en 1990. Toujours passionné par les oeuvres contemporaines, il m’avait confié avoir retravaillé toute sa technique, pour enregistrer l’oeuvre pour orgue de Roger Pernette, compositeur bisontin, en 1966. (Seul enregistrement connu de cette oeuvre mais aujourd’hui introuvable).
Pour mieux connaitre Maurice Moerlen, il faut se plonger dans l’ouvrage de Benoît Wirrmann «Maurice Moerlen : une vie à l’orgue» 2011 chez Do Bentzinger (Disponible à la Fnac)
Pour conclure ce trop bref billet, je dirais que l’artiste était extrêmement attachant, on apprenait énormément à son contact, mais côtoyer l’homme était encore plus délicieux. Son sens de l’humour, son enthousiasme, son sourire chaleureux, sa jeunesse d’esprit et sa grande culture foncière en faisaient un ami très précieux.
Jean Paul Schiffmann